Nos propositionsNotes

Note #44

Débattre sereinement du train de vie des élus de la république sans totem ni tabou

Fichiers

Depuis sa création en 2018, L’Observatoire de l’éthique publique a produit de nombreuses réflexions et propositions concernant le train de vie des élus de la République. Dans le sillage du travail de contrôle réalisé par notre président René Dosière lorsqu’il était parlementaire, les membres de notre équipe scientifique ont placé la thématique du train de vie au cœur de la génétique de L’OEP. Dans notre première tribune collective, parue à Libération en mai 2018, nous avons commencé par rappeler que la transparence de la vie publique avait encore beaucoup de chemin à parcourir. Dès l’entame de nos travaux, nous avons cependant tenu à placer nos diagnostics sous le signe de la transparence constructive. Nous n’avons eu de cesse de répéter que notre travail avait pour finalité de participer à la restauration de la confiance collective envers la démocratie représentative. Nous avons tenté d’expliquer qu’une minorité de comportements douteux ne devaient pas entacher le respect que nous devons à nos responsables publics qui, pour l’immense majorité d’entre eux, œuvrent chaque jour sans relâche en faveur de l’intérêt général.

À l’heure de la société de la désinformation, nous avons notamment pris l’initiative de faire paraître une tribune dans les colonnes du journal Le Monde pour tordre le cou à l’idée populiste selon laquelle nos élus cherchent systématiquement à s’enrichir et pour faire état de tous les progrès accomplis ces dernières années en matière de transparence de leur train de vie.

Il nous apparaît paradoxal que les indemnités des élus, qui sont plafonnées au maximum à 6 smics bruts mensuels (soit 8900 euros brut environ), soient en permanence remis en cause à une époque où les rémunérations des plus hauts dirigeants d’entreprises privées avoisinent les 300 smics mensuels en moyenne, sans parler des plus grands sportifs français dont la rémunération peut atteindre l’équivalent de 3 000 smics par mois.

Nul ne saurait nier toutefois qu’il existe chez beaucoup nos concitoyens un sentiment d’incompréhension et de défiance vis-à-vis des élus de la République et que cette question doit être prise très au sérieux.

En vérité, elle est souvent davantage alimentée par les fantasmes liés aux avantages matériels des élus (à l’image des frais de bouche qu’ils perçoivent[3]) mais aussi par le décalage qui peut exister entre les us et coutumes (sinon les habitus) des élus, dont la population est socialement peu représentative en comparaison du reste du corps social.

Prenant acte de ce sentiment, le Premier ministre a décidé ce 23 août 2025 de confier au président de l’Observatoire de l’éthique publique, une mission visant à faire toute la transparence sur les rémunérations et avantages matériels des élus de la République.

Nous saluons cette initiative qui grandit la démocratie en privilégiant la recherche de la vérité des faits au complotisme.

Une grande nation doit savoir débattre sereinement du statut de ses serviteurs, sans totem ni tabou.

Il va sans dire que la question du train de vie de nos élus, quand bien même elle deviendrait pleinement transparente, ne saurait à elle seule, régler le malaise démocratique dans lequel nous sommes plongés[4]. Le mal est plus profond mais il faut bien commencer à imaginer ses solutions pour y remédier.

Aussi la présente note a-t-elle pour objet de dresser un récapitulatif des principaux travaux et propositions dont L’OEP a été à l’origine depuis sa naissance, que ce soit en matière de d’indemnités, d’avantages matériels et de déontologie des différentes catégories d'acteurs publics (et pas seulement des élus).

Fichiers

Publié le 26/08/2025

L'auteur

Matthieu Caron

Matthieu Caron

Directeur général